quarta-feira, 30 de dezembro de 2020

Haïti


Haïti, en forme longue République d’Haïti, (en créole haïtien : Ayiti et Repiblik Dayiti), est un État des Grandes Antilles, occupant le tiers occidental de l’île d'Hispaniola (soit 27 750 km2 environ), les deux tiers orientaux étant occupés par la République dominicaine. Sa capitale est Port-au-Prince et son point culminant est le pic la Selle (2 680 mètres d’altitude).

La défaite de l'armée du général de Rochambeau lors de la bataille de Vertières5 en 1803 est à l’origine de la création de la république d’Haïti, qui devient en 1804 la première République noire indépendante du monde. Haïti est aussi le seul territoire francophone indépendant des Caraïbes, dont il est également le pays le plus peuplé6.

Après avoir été une des premières destinations des Caraïbes dans les années 1950 à 1970 et avoir manqué la transition démocratique après la chute des Duvalier (François Duvalier, dit « Papa Doc », et son fils Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc »), Haïti, surnommée « la Perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, fait l'expérience d'une démocratie renaissante et tente de s’organiser et de se reconstruire après le violent séisme du 7,8.

Haïti est membre observateur et invité permanent de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA). En 2015, selon l'OMS, l'espérance de vie d'un Haïtien est de 63 ans (62 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes).

En plus de son hymne national, La Dessalinienne, Haïti fait également usage de deux autres hymnes : Quand nos Aïeux brisèrent leurs entraves (ou Hymne présidentiel) et Fière Haïti (ou Hymne à la jeunesse).

Toponymie[modifier | modifier le code]

Chez les TaïnosAyiti signifierait, selon les versions, « terre des hautes montagnes »9 ou « la montagne dans la mer »10, ou « âpre terre »11.

Lorsque les flibustiers français — qui ont d'abord envahi l'île de la Tortue au nord — migrent vers la partie occidentale de l'île d'Hispaniola, ils francisent en Saint-Domingue le nom de Santo Domingo, qui est celui de la capitale de l'île fondée par les Espagnols au sud-est de celle-ci.

De 1630 à 1664, ce nom reste informel jusqu'à ce que Colbert incorpore la « colonie de Saint-Domingue » à la Compagnie française des Indes occidentales. Le nom de Saint-Domingue sera confirmé par les traités de Ryswick (1697) et de Bâle (1795) pour désigner la partie occidentale (pars occidentalis) qui, durant cette période coloniale française, est aussi surnommée la « perle des Antilles ».

Le , en déclarant l'indépendance du pays, Dessalines lui redonne le nom taïno d'origine, « Haïti », en honneur à ce peuple amérindien12.

En créole haïtien, le pays est appelé Ayiti.

Géographie[modifier | modifier le code]

Carte topographique d'Haïti.
Commune des Gonaïves inondée après l'ouragan Jeanne en 2004.

Situé à 87 km à l'est-sud-est de Cuba et frontalier de la République dominicaine, le territoire d'Haïti est principalement constitué par la partie occidentale de l'île d'Haïti que l'on nomme également « Terre haute ou montagneuse », à laquelle vient s'ajouter un certain nombre d'autres îles et archipels tels que :

L'île de la Navasse est considérée comme étant une des îles mineures éloignées des États-Unis, mais est néanmoins revendiquée par Haïti.

Le relief de la « Terre montagneuse » est généralement constitué de montagnes escarpées avec de petites plaines côtières et des vallées. Comme pour l'île entière, celui de la république d'Haïti est formé de deux bandes montagneuses principales séparée par la plaine du Cul-de-Sac : l'une au Nord, où s'élèvent la chaîne du Haut-Piton, le massif des Montagnes Noires et la chaîne des Matheux ; l'autre au sud, constituée par le massif du pic la Selle et le massif de la Hotte.

Malgré la déforestation à grande échelle sur l'ensemble du territoire national, Haïti possède encore des zones boisées qui s'étendent sur le pays voisin qu'est la République dominicaine. Ainsi ces deux États partagent la forêt de pins de l'île d'Hispaniola qui couvre encore une partie du massif du pic la Selle et du massif de la Hotte.

La partie centrale et l'est forment un grand plateau d'altitude. Le principal fleuve haïtien est l'Artibonite.

Haïti (comme le reste de l'île d'Hispaniola) se trouve dans une zone sismique active, entre deux plaques tectoniques : la plaque nord-américaine au nord et la plaque caraïbe au sud, rendant le pays particulièrement vulnérable aux tremblements de terre. Celui du , se révéla être le plus grand séisme jamais enregistré dans ce pays, dévastant notamment la région de la capitale Port-au-Prince, faisant plus de 300 000 morts, et des millions de sans abris.

Environnement[modifier | modifier le code]

En 2019, Le Haïti avait un score moyen de l'indice d'intégrité du paysage forestier de 4,01, le classant 137e sur 172 pays.13

En 1925, 60 % des forêts originelles d'Haïti étaient déjà détruites, chiffre qui atteint aujourd'hui 70 à 80 %14, à la fois pour se procurer du bois de feu et pour créer des surfaces agricoles. En outre, l'érosion due à la déforestation a causé des inondations périodiques, comme le , lorsque la tempête tropicale Jeanne a tué plus de 3 000 personnes et détruit des routes, en particulier dans la ville des Gonaïves.


Aires Protégées[modifier | modifier le code]

Dès 1926, apparaissent les premières lois de protection. D’autres espaces seront progressivement ajoutés, notamment en 1969 et en 2013. En 1974, est créé le Parc de la Visite et celui de Macaya.


Quelques aires protégées15
NomCatégorieSous-CatégorieSuperficie (hectares)Date d’adoption par

décret

Parc national de MacayaParc national8 726 ha
Parc national Forêt des PinsParc national18 780 ha
Parc national Historique Citadelle Sans-Souci RamiersParc national2 500 ha
Parc national La VisiteParc national11 426 ha
Parc national des Trois BaiesParc national90 359 ha
Aire protégée habitats/Espèces de fond des CayesProtection de diversité biologique2 365 ha
Aire protégée habitats/Espèces de Grosse Caye/Zone humide d’AquinProtection de diversité biologique10 974 ha
Aire protégée habitats/Espèces Olivier/ZanglaisProtection de diversité biologique7 553 ha
Aire protégée habitats/Espèces de CahouaneProtection de diversité biologique5 940 ha
Aire protégée habitats/Espèces de Pointe AbacouProtection de diversité biologique1 840 ha
Paysage naturel marin et terrestre Port-SalutProtection de diversité biologique1 840 ha
Grotte Marie JeanneÉlément exceptionnel Naturel31 ha
Parc national naturel Ile-à-VacheParc national11 235 ha

Climat[modifier | modifier le code]

Les Gonaïves avant et après le passage de Jeanne, 2004.

Le climat est tropical. La saison des pluies s'étend d'avril à juin puis d'octobre à novembre. La saison des ouragans s’étend du mois de juin jusqu’à la fin du mois de novembre. En , l'ouragan Matthew a fait plus de 1 000 morts16. Dans l'intérieur du pays, le climat devient rapidement de plus en plus aride du fait de la déforestation.

Les précipitations baissent depuis 1980, mais elles deviennent de plus en plus brutales avec des inondations, causées par une terre durcie, qui devient rapidement boueuse. Pendant les périodes estivales, dans l'intérieur des terres, le thermomètre peut rapidement dépasser les 40 °C, mais sur la côte, l'influence des courants marins nuance la température de 30 °C à 35 °C. La pluie et la chaleur provoquent une grande érosion des sols causant régulièrement des glissements de terrains ou des éboulements qui souvent peuvent être meurtriers.

Faune et flore[modifier | modifier le code]

En Haïti, il existe des espèces endémiques de papillons telles qu’Abaeis nicippiformis (es)17, de fleurs (orchidées…) et autres propres à l'île. Les gros reptiles sont représentés par le crocodile américain (Crocodylus acutus).

Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (chiffre de la FAO2005). Population en milliers d’habitants.

En 1790, la population de la colonie, alors nommée Saint-Domingue, s’élevait à environ 500 000 personnes dont 38 360 Européens, 433 270 Africains ayant le statut d’esclave et 28 370 hommes de couleur libres. Haïti a même été qualifié de petit « bout d'Afrique »18.

Dans les années 1880, elle comprenait environ 570 000 habitants.

La population d'Haïti est estimée à 11 911 819 habitants en 201819 dont environ 52 % vivent en milieu urbain20. La grande majorité de la population est de religion chrétienne21. Haïti est le pays le plus peuplé des Caraïbes, devant Cuba. Il a retrouvé cette place en 2020, plus de deux siècles après l'avoir perdue au profit de Cuba, au cours de la première décennie du 19ème siècle, suite à la révolution et à la guerre d'indépendance22.

La plus grande agglomération est la capitale Port-au-Prince avec près de 2 300 000 habitants (est. 2009), suivie du Cap-Haïtien avec 250 000 habitants environ.

80 à 85 % de la population haïtienne est d'ascendance africaine tandis que les 15 à 20 % restants sont issus de métissage (la plus grande proportion se trouvant dans le sud de l'île) ou sont d'origine européenne (française, italienne, allemande, polonaise, portugaise, espagnole). Une proportion de population d'origine arabe, arménienne, juive ou encore indienne (de l'Inde) et asiatique est aussi constatée.

Langues[modifier | modifier le code]

Langues officielles[modifier | modifier le code]

Haïti possède deux langues officielles :

  • le créole haïtien, à base lexicale française, dit kreyòl, est plus administré que la langue des autres pays qui parlent un créole car il possède une grammaire. La Constitution de 1987 institue en son article 213 une « Académie haïtienne », « en vue de fixer la langue créole et de permettre son développement scientifique et harmonieux »23. Cependant, ce n'est qu'en 2013 qu'une loi24 est rédigée par le parlement pour véritablement mettre sur pied l'Académie, dont le nom français final est « Académie du créole haïtien ».

Quasiment tous les Haïtiens parlent le créole comme leur première langue tandis qu'une minorité d'entre eux, soit 40 %, maîtrise le français appris au cours de leur scolarité ou qu'ils peuvent entendre à la radio et à la télévision et lire dans la presse25.

Francophonie[modifier | modifier le code]

Dany Laferrière, écrivain haïtien, a été nommé à l'Académie française en 2013.

Haïti fait partie de la francophonie et est membre de l'Organisation internationale de la francophonie depuis sa création. Haïti est également membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.

Sur le plan international, l’entrée d’Haïti à l’Union panaméricaine, l'actuelle OEA (Organisation des États américains), a permis au français de devenir l'une des langues officielles de travail de cet organisme ; et lors de la conférence de Bretton Woods, où l'utilisation du français comme langue de travail à l'Organisation des Nations unies naissante ne fut décidée que par une voix de majorité, Haïti avait voté en faveur de cette décision26.

Haïti fut membre fondateur de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), lors de la création de celle-ci le .

Dans chaque chef-lieu de département, il existe un centre de l'Alliance française. Dans la plupart des cas, les locaux sont offerts par la municipalité et des bénévoles haïtiens collaborent au rayonnement culturel de l'Alliance.

Malgré une influence croissante de l’anglais découlant de la proximité géographique avec les États-Unis, le français reste en Haïti une langue vivante et très utilisée.

En , Max Jean-Louis, jeune Haïtien alors âgé de 20 ans, est élu administrateur du Centre de la francophonie des Amériques, situé à Québec27.

Les maires des villes haïtiennes de Cap-HaïtienPétion-VilleCarrefour et Port-au-Prince sont membres de l'Association internationale des maires francophones28,29.

En 2013, l'écrivain haïtien Dany Laferrière est élu au premier tour à l'Académie française. L'auteur de nombreux succès, Laferrière a notamment commencé sa carrière littéraire par le roman Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer.

Enfin, on peut aussi noter la présence de l'Institut français en Haïti, qui veille également au rayonnement de la langue française dans le pays30.

Autres langues et diaspora[modifier | modifier le code]

En raison de la diaspora haïtienne installée en République dominicaine, aux États-Unis (notamment à Miami et à New York) et aussi de la forte présence passée de Brésiliens (MINUSTAH et missionnaires) dans le pays, un certain nombre d'Haïtiens savent s'exprimer couramment en espagnol, en anglais ou en portugais.

Banière de vaudou haïtien, inscription en créole.

Une autre partie de cette diaspora s'est dirigée vers les pays ou régions francophones comme la France et les départements français d'Amérique, le Canada (au Québec et notamment à Montréal), la Belgique et la Suisse. Récemment, des dizaines de milliers d'Haïtiens se sont installés au Chili et au Brésil.

Religion[modifier | modifier le code]

Église épiscopale St. Paul d'Haiti, Montrouis.

Selon le CIA World factbook3, la distribution des religions est la suivante :

  • autre : 4,6 % ;
  • aucune : 10,2 %.

Le vodou (vaudou), religion originaire du Bénin et apportée par les esclaves noirs sur l’Île, a été reconnu officiellement comme religion en 2003 sous l'administration du président Jean-Bertrand Aristide31. De nombreux Haïtiens pratiquent le vodou tout en se déclarant d'une autre religion, principalement le catholicisme.

Histoire[modifier | modifier le code]

Des origines à 1790[modifier | modifier le code]

Les peuples de culture arawakkalinago et taïno occupent l’île avant l’arrivée des Espagnols. Christophe Colomb, débarquant le , la nomme Hispaniola, alors que les indigènes la nommaient de trois façons : Ayiti, Quisqueya et Bohio. On estime qu’environ 100 000 indigènes peuplaient l’île d'Hispaniola à la fin du xve siècle.

Les Espagnols exploitent l’île pour son or. Les Amérindiens refusant de travailler dans les mines sont massacrés et réduits en esclavage ; les rares personnes qui réussissent à s’échapper trouvent refuge dans les montagnes et sont marginalisées et fortement paupérisées. Les maladies infectieuses arrivées avec les Européens font des ravages. Les mauvais traitements, la dénutrition et la baisse de natalité font le reste : la population indigène est exterminée en quelques décennies.

Carte de Saint-Domingue, 1730.

Les Espagnols font alors venir d’Afrique des esclaves noirs déportés. En 1517Charles Quint autorise la traite des esclaves, qu’il interdira dès la décennie suivante, mais sans succès, pas plus qu’ensuite le pape Paul III.

La partie ouest d’Hispaniola, dépourvue de minerai, est vite négligée par les colons espagnols, qui la laissent vide. Des boucaniers français s’y installent, malgré plusieurs expéditions militaires espagnoles. Au xviie siècle, sous l’autorité du cardinal de Richelieu, l’installation française s’institutionnalise. L’île de la Tortue, au nord-ouest d’Hispaniola, devient le siège de la flibuste. Ces aventuriers gagnent peu à peu la « Grande terre » : en 1654, ils créent la première ville de la future Saint-Domingue : Petit-Goâve. Le premier gouverneur de la colonie est Bertrand d’Ogeron, nommé en 1665. Sachant se faire accepter des flibustiers, il organise la colonisation par la venue de Français qui s’engagent à travailler trois ans avant de devenir propriétaires de terres (on les appelait les « 36 mois ») et celle de « filles à marier »32. Il favorise la plantation de tabac. Ainsi, il sédentarise une population de boucaniers et de flibustiers peu portée à accepter l’autorité royale jusqu’aux années 1660. Bertrand d’Ogeron attire aussi des colons de Martinique et de Guadeloupe.

« Plan de la rade et ville du Petit Goâve dans l'isle de St. Domingue », Le petit atlas maritime, 1764

Mais en 1670-1690 intervient la crise du tabac et un grand nombre de places sont abandonnées. Les rangs de la flibuste grossissent, les pillages, comme ceux de Vera Cruz en 1683 ou de Campêche en 1686, se multiplient et Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Marine, ramène l’ordre en prenant un grand nombre de mesures. Il transfère le gouvernement à Port-de-Paix en 1676. Il encourage la création de plantations d’indigo et de canne à sucre. Le premier moulin à sucre est créé en 1685. Enfin, il réglemente l'esclavage en préparant le Code noir (qui sera promulgué en 1685, après sa mort). Avant l'adoption de ce code l'esclavage était théoriquement interdit mais largement pratiqué dans la réalité. L'ensemble de ces actions permet l'essor économique de la colonie.

Carte de St-Domingue, 1780.

À la suite du traité de Ryswick de 1697 et à l'accession au trône d'Espagne d'un petit-fils de Louis XIV, les Espagnols renoncent à contester la souveraineté de la France sur le tiers occidental de l'île. La France officialise le nom de Saint-Domingue, pour cette partie. C’est alors que viennent de France de nombreux colons qui développent les plantations ou travaillent dans celles-ci. De 1713 à 1787, 30 000 Français viennent grossir le nombre des colons présents dans la partie ouest de l’île.

Les guerres éclatent en Europe et se prolongent sur les mers jusqu’aux Antilles et aux Caraïbes. En 1756, le commerce est paralysé. Un grand nombre de colons et leurs familles quittent Saint-Domingue pour la Louisiane, où ils s’installent dans des Postes établis par la France et administrés par des militaires.

Vers 1790Saint-Domingue est la colonie française la plus riche d'Amérique grâce aux profits immenses de l'industrie sucrière et de celle de l’indigo générés par le travail des esclaves. Des dizaines de milliers d'Africains avaient été amenés chaque année comme esclaves pour faire fonctionner ces industries (dans les années 1780, ils sont déportés dans la colonie au rythme de 36 000 par an pour remplacer leurs prédécesseurs morts à la tâche33[source insuffisante]) ; leur sort est juridiquement encadré par le Code noir, mais, dans les faits, ils subissent des traitements souvent pires que ceux dudit code. Leur nombre (400 000) est dix fois plus élevé que celui des Blancs, avec une centaine de milliers d'Africains amenés à Saint-Domingue pendant les 10 ans précédant la Révolution française34.

1791-1804 : Révolution haïtienne[modifier | modifier le code]

Avant la Révolution une Société des amis des Noirs est créée en France en 1788, elle se donne pour objectif d'obtenir l'abolition de l'esclavage. La Révolution française entraîne de graves bouleversements sociaux dans les petites Antilles comme à Saint-Domingue. De nombreux députés français réclament l'abolition comme l'abbé Grégoire. S'ensuit une révolte des esclaves qui aboutit en 1793 à l’abolition de l'esclavage par les commissaires civils Sonthonax et Polverel, décision avalisée et généralisée à l’ensemble des colonies françaises par la Convention six mois plus tard (première abolition de l'esclavage le 16 pluviôse an II, donc le ). Les députés français étaient occupés jusqu'en 1794 par la révolte des Vendéens, des girondins et par la défense et la reconquête du territoire français. La grande majorité des non-esclaves ayant fui la colonie, soient-ils Européens ou gens de couleur, les plantations et habitations du pays sont collectivisées par le gouvernement provisionnel et mises sous le contrôle des cultivateurs34.

Combat et prise de la Crête-à-Pierrot, par A. Raffet, gravure Hébert, 1839.

Toussaint Louverture, nommé gouverneur général à vie de Saint-Domingue par la France, après avoir rétabli la paix, chasse les Espagnols et les Anglais qui menaçaient la colonie. La promulgation le 3 juillet 1801 d’une constitution autonomiste lui permet de développer la cohésion des citoyens de l'île. L'abolition de l'esclavage ayant entraîné le ralliement à l'Angleterre des autres colonies française, Napoléon Bonaparte, sous l’influence des Créoles (Français — et Espagnols — nés sur l’une des îles des Antilles, plus tard en Louisiane aussi) et des négociants, décide de rétablir l'esclavage. Il envoie en décembre 1801 une expédition de 30 000 hommes sous les ordres de son beau-frère, le général Leclerc, avec pour mission de démettre Louverture et rétablir l'esclavage à Saint-Domingue. Aux États-Unis, les riches planteurs prennent peur et contribuent à financer l’expédition pour mater ce qu'ils perçoivent comme une révolte d'esclaves35. Mais, après quelques victoires, l’arrestation (faux rendez-vous diplomatique, avec promesse de Bonaparte de sauf-conduit, non respectée36) et la déportation de Toussaint Louverture, arrêté le , les troupes françaises commandées par Donatien de Rochambeau, décimées par la fièvre jaune, sont définitivement battues par Jean-Jacques Dessalines, qui avait rejoint l'insurrection, à la bataille de Vertières le 18 novembre 1803.

Au terme d’une double bataille, la Déclaration d’indépendance37 du pays est proclamée le . Le nom d'Haïti (ancien nom de l'île du temps des Indiens Caraïbes) est donné au pays. Haïti est le premier pays au monde issu d'une révolte d'esclaves.

De 1804 à 1900[modifier | modifier le code]

Étapes de la construction haïtienne, 1808-1820.

Dessalines est proclamé gouverneur à vie par ses troupes. L’histoire rapporte qu’il exécuta la plupart des quelque 10 000 Blancs restés sur l’île et gouverna en despote. Il est assassiné à son tour le  par des mulâtres. Le pays se divise alors en deux : un royaume au nord, commandé par le roi Henri Christophe, et une république au sud, dirigée par le mulâtre Alexandre Pétion.

Le roi Henri Ier, roi d'Haïti de 1811 à 1820.

Le président Pétion initie des négociations pour la reconnaissance d’Haïti en 1814. Elles durent jusqu’en 1824. Le , le roi de France Charles X promulgue une ordonnance reconnaissant l’indépendance du pays contre une indemnité de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée par Louis-Philippe Ier en 1838 à 90 millions de francs). Les efforts d’Haïti pour payer l’indemnité entraveront significativement son développement38. En 1822, le président Jean-Pierre Boyer réunifie les deux parties nord et sud et conquiert la partie est de l'île, colonie espagnole. Le , malgré les attaques incessantes de la part des Haïtiens, la République dominicaine se déclare à nouveau indépendante ; l'occupation de la partie espagnole de l'île d'Hispaniola pendant ces 22 années par les Haïtiens — qui y commettent exactions et abus de pouvoir à répétition — a ainsi laissé un fort mauvais souvenir aux Dominicains.

La citadelle La Ferrière est construite par Henri Ier. Elle représente un des plus gros ouvrages de ce genre dans les Caraïbes.

Une longue succession de coups d’État suit le départ de Jean-Pierre Boyer. Le président Louis Pierrot, qui reste moins d'un an au pouvoir, rétablit en 1846 la mémoire de l'empereur Jean-Jacques Dessalines, bannie par ses prédécesseurs. Le pouvoir ne cesse d’être contesté par des factions de l’armée, les élites mulâtre et noires, et la classe marchande, désormais composée majoritairement d’étrangers (AllemandsAméricainsFrançais et Anglais). Le pays s’appauvrit, peu de chefs d’État se préoccupent de son développement. Dès que le pouvoir se fragilise, des révoltes armées se déclenchent, entretenues par les candidats à la succession.

En 1847, Faustin Soulouque est élu président de la République : il transforme le pays en empire d'Haïti le  et devient Faustin IerDespote, il fuit le pays à la suite d'un soulèvement populaire en 1859.

De 1900 à 1986[modifier | modifier le code]

Révolution de 1915[modifier | modifier le code]

Depuis 1906, le pays est dans le champ d'application de la « diplomatie du dollar » et le département d’État fait pression en 1910-1911 sur Port-au-Prince pour assurer l'entrée de la Citibank dans le capital de la Banque nationale. Depuis, la National City Bank s’emploie à conquérir de l'intérieur l'institution tout en essayant d'acculer les gouvernements haïtiens, endettés, à accepter le contrôle des douanes. En , des troupes américaines s’emparent de fonds publics contenus dans la banque et les transfèrent aux États-Unis, malgré les protestations haïtiennes contre un « acte de piraterie internationale »39.

Le vice-président de la Banque nationale, Roger L. Farnham, définit le plan qui sera adopté par le département d’État. Il s'agit, à la faveur d'une occupation militaire, de contrôler l’ensemble de l’administration et ainsi de favoriser les intérêts économiques américains dans le pays. En dépit d'une forte pénétration par les capitaux américains de l’économie haïtienne (chemins de fer, transports urbains, électricité, etc.), la Constitution refusait aux étrangers le droit de propriété immobilière, les tenant éloignés de nombreux secteurs (sucre, café, coton, tabac, bois, etc.)39.

En dehors des interférences américaines, le pays est en état d’insurrection quasi permanente. De 1910 à 1915, cinq présidents se succèdent, situation qui culmine dans l'exécution de 167 prisonniers politiques le , suivie d'une révolte populaire qui renverse le gouvernement et met à mort le président Vilbrun Guillaume Sam. Cette révolution, menée par Rosalvo Bobo, qui s'opposait notamment au rapprochement du pays avec les États-Unis, ne plait pas à ces derniers mais la décision d'envahir Haïti était déjà prise avant le renversement de Vilbrun Guillaume Sam39.

Occupation américaine (1915-1934)[modifier | modifier le code]

Décidant d'intervenir par la force, les États-Unis, dont des soldats étaient présents sur l'île depuis 191440envahissent le pays et établissent par un traité leur domination militaire, commerciale et financière. Une nouvelle Constitution est écrite par les États-Unis et instaurée en 1918. L'instauration du travail forcé et le racisme des Marines favorisent les recrutements par la résistance nationaliste, dirigée par Charlemagne Péralte, qui comprend 5 000 combattants permanents et 15 000 irréguliers. La zone de la guérilla concerne essentiellement le Nord et le Nord-Est du pays39.

Patrouille de Marines américains en Haïti, 1921.

Après de multiples combats aux abords de certaines grandes villes, les rebelles donnent l'assaut à la capitale, Port-au-Prince, le . Les forces d'occupation américaines peuvent compter sur leur avantage matériel : utilisation de mitrailleuses, avions de reconnaissance, missions de patrouilles et de mitraillage par des hydravions. La liberté de circulation à l'intérieur du pays est supprimée par l'occupant avec l'instauration de passeports intérieurs, et, surtout, la répression frappe régulièrement la population civile, au point que le commandement général des Marines reconnaisse la réalité de « tueries sans discrimination » dans les campagnes de contre-insurrection. Des paysans sont internés dans des camps de concentration sous prétexte de nécessité militaire de regroupement. En trois ans, 5 500 paysans y seraient morts39.

Charlemagne Péralte est assassiné le , un espion ayant conduit les Marines jusqu'à lui. Benoît Batraville reprend le commandement et parvient à maintenir l'activité de la guérilla, mais est tué au combat le . Après la mort de ses chefs, démoralisée, la guérilla s'éteint progressivement. L'occupation prend fin en 193439.

Instabilité et dynastie Duvalier (1957-1986)[modifier | modifier le code]

Fichier:Francois Duvalier.ogv
« Papa Doc » Duvalier, 1971.

Après la fin de l'occupation, l’instabilité politique (entre militaires mulâtres et populistes noirs) reprend, et ne s’achève qu’à partir de 1957 avec l'élection de Duvalier, dont le régime, basé sur le principe du pouvoir au plus grand nombre, durera jusqu’en 1986.

Partisan de la lutte contre les mulâtres qui contrôlent l'armée et qui ont précédemment renversé le noiriste Dumarsais EstiméFrançois Duvalier (surnommé « Papa Doc » pour son passé de médecin de campagne) assied son pouvoir personnel grâce à la délation et alimente la terreur à l’aide de ses partisans, surnommés Tontons Macoutes, véritables escadrons de la mort. Mettant en place un culte de la personnalité, il s'autoproclame président à vie en 1967 et meurt de maladie en 1971 après avoir désigné son fils Jean-Claude comme héritier. Ce dernier deviendra alors le plus jeune président du monde41 et sera surnommé « Baby Doc ». La dictature de la dynastie Duvalier est responsable de nombreuses tueries, de massacres d’opposants et de civils, tel celui de la ville de Jérémie (connu sous le nom « Vêpres jérémiennes ») en 1964. Elle pousse de nombreux Haïtiens à s'exiler, notamment aux États-Unis et au Canada, où certains, partisans du pouvoir aux plus capables et qui avaient jusque-là monopolisé le pouvoir politique et militaire, se posent en victimes du régime.

En 1986, après avoir répondu par la violence à une suite de manifestationsJean-Claude Duvalier démissionne et s'exile en France sous la pression du peuple et des États-Unis. Il laisse le pouvoir aux six membres du Conseil national de gouvernement (en) qu'il a formé, et qui est mené par le commandant en chef des armées Henri Namphy. Le régime des Duvalier laisse environ 50 000 morts et le pays ruiné : pour la seule période allant de  à , Jean-Claude Duvalier et neuf de ses proches avaient détourné à leur profit 120 575 000 dollars dans les caisses des entreprises publiques et de l’État haïtien38. En 1988, un tribunal de Miami reconnu que Jean-Claude Duvalier avait « détourné plus de 504 millions de dollars d’argent public »42.

Après la chute de la dictature, les créditeurs du pays insistèrent pour que les Haïtiens honorent la dette contractée par les Duvalier, estimée à 844 millions de dollars et dont une grande partie était due à des institutions internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. La légalité de ces remboursements, alors qu’une grande partie de cette dette n'a pas été dépensée en Haïti mais détournée par les responsables du régime, a été contestée par certaines hommes politiques et observateurs. Cephas Lumina, l’expert indépendant des Nations-Unies sur la dette extérieure, a soutenu que « le cas d’Haïti est l’un des exemples les plus frappants de dette odieuse dans le monde. Rien que pour cette raison, la dette devrait être annulée sans conditions »42.

Ère de transition post-Duvalier (1987-1990)[modifier | modifier le code]

Leslie Manigat, conférence au palais national, .

Des élections générales sont organisées pour  mais sont annulées après des tirs de militaires et d'anciens Tontons Macoutes sur des dizaines de civils le jour du vote. Elles sont suivies par des élections en  qui voient Leslie Manigat et son Rassemblement des démocrates nationaux progressistes l’emporter. Toutefois, le gouvernement est renversé en  par un coup d’État militaire mené par le général Namphy, qui est lui-même démis du pouvoir par un second coup d'État militaire en septembre, mené par le général Prosper Avril, qui avait du quitter le Conseil national de gouvernement après des manifestations populaires protestant contre sa proximité avec les Duvalier. Ce second coup d’État fait suite au massacre de St-Jean-Bosco le , par des hommes non identifiés mais considérés généralement comme d'anciens Macoutes. Des dizaines de fidèles sont ainsi tués dans l'église catholique de St-Jean-Bosco à Port-au-Prince, la paroisse de l'influent prêtre Jean-Bertrand Aristide (qui survit à l'attentat), un des critiques les plus notoires de la famille Duvalier. Ce massacre, qui dure trois heures, est suivi selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme de déclarations à la télévision nationale de participants à l'attentat, qui menacent de commettre à nouveau de tels actes, montrant ainsi la proximité du pouvoir en place avec les ex-Macoutes43. Le gouvernement militaire d'Avril se maintient en place jusqu'en mars 1990.

Malgré la fuite de Duvalier, ses ex-Macoutes et paramilitaires continuent de mener des opérations punitives contre des journalistes et militants politiques. Entre 1986 et 1990, plus de mille cinq cents personnes sont assassinées par ces groupes38.

Haïti depuis 1990[modifier | modifier le code]

Élection d’Aristide (1990-1994)[modifier | modifier le code]

Fichier:South Africa wishes Jean-Bertrand Aristide bon voyage.webm
Jean-Bertrand Aristide (à gauche).

Les élections législatives et présidentielle de décembre 1990 se déroulent de façon régulière et en présence d'observateurs étrangers. Le père Jean-Bertrand Aristide, partisan d'une plus grande justice sociale et proche du courant de la théologie de la libération, est élu à la présidence avec 66, 7 % des voix44. Cette consultation marquée par une forte participation, a été boycottée par les duvaliéristes45. Ceux-ci considèrent que l'élection de J.-B. Aristide a été un « coup d'État électoral ». En janvier 1991, Roger Lafontant, ancien chef des tontons macoutes, tente de renverser le gouvernement mais les soldats loyalistes parviennent à obtenir sa reddition. Le mandat d'Aristide débute le , mais un coup d’État sanglant mené par Raoul Cédras et des militaires (soutenus par l'oligarchie marchande) l'oblige en septembre à s’exiler aux États-Unis. Pendant trois ans, les milices (que d'aucuns estiment soutenues par les États-Unis46,47,48) intimident la population et assassinent les meneurs syndicaux et les militants qui avaient constitué la base de la résistance aux Duvalier et l’appui à l’élection d'Aristide. La plus importante de ces forces paramilitaires, le FRAPH, avait été fondée par un supposé agent de la CIA Emmanuel Constant49,50. La dictature laisse environ quatre mille morts51.

Retour d'Aristide au pouvoir (1994-1996)[modifier | modifier le code]

Le président René Préval en 1996.
Jovenel Moïse, l'actuel président d'Haïti.

En , Aristide est rétabli au pouvoir par l'administration de Bill Clinton, lors de l’opération « Rétablir la démocratie »52 à la condition de renoncer à récupérer les années perdues lors de l’intermède militaire et de se plier à un programme néolibéral53,54,55, surnommé « plan de la mort » par une partie des Haïtiens56. Il s’agissait en partie du programme57 de son opposant lors des dernières élections, un ancien fonctionnaire de la Banque mondialeMarc Bazin58. Son retour fut par ailleurs marqué par le démantèlement de l'armée, corrompue, prévaricatrice et vecteur d'instabilité politique.

Premier mandat de Préval (1996-2001)[modifier | modifier le code]

Aristide quitte la présidence en 1996 et René Préval lui succède. Malgré son appartenance à Lavalas, le parti d'Aristide, il n'est soutenu que du bout des lèvres par l'ancien président. Il applique immédiatement le plan américain59, ce qui provoque un véritable tollé dans l'île.

Second mandat d'Aristide (2000-2004)[modifier | modifier le code]

Aristide est réélu en 2000, avec une abstention estimée à 90 % par l’ONU60. Des inondations provoquent la mort de 2 000 personnes en mai 2004. En septembre de la même année, une tempête tropicale laisse derrière elle 2 200 morts et disparus et quelque 300 000 sinistrés44.

Après plusieurs mois de pressions exercées par la communauté internationale, plus particulièrement par la France (avec l'intervention de Régis Debray et Véronique de Villepin-Albanel) et les États-Unis, Aristide est obligé, lors de la révolte populaire du , de quitter le pays avec un commando des forces spéciales des États-Unis61Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, assure ensuite le pouvoir par intérim.

En mars 2004, les résultats d'une commission d'enquête sur Haïti, dirigée par l'ancien procureur général des États-Unis Ramsey Clark, indiquent que « les gouvernements des États-Unis et de la République dominicaine auraient participé à la fourniture d'armes et à la formation des rebelles haïtiens dans ce pays ». La commission a constaté que 200 soldats des forces spéciales américaines avaient été envoyés en République dominicaine pour participer à des exercices militaires en février 2003. Ces exercices, autorisés par le président dominicain Hipólito Mejía Domínguez, ont été menés « près de la frontière, précisément dans une zone à partir de laquelle les rebelles lançaient régulièrement des attaques contre les installations de l'État haïtien »62.

Second mandat de Préval (2006-2011)[modifier | modifier le code]

En février 2006, à la suite d'élections marquées par des incertitudes sur le décompte des bulletins de vote, et grâce à l'appui de manifestations populaires, René Préval est élu.

Mandat de Michel Martelly (2011-2016)[modifier | modifier le code]

Du  au Michel Martelly est président de la République. Durant son mandat, il décide de récréer l'armée haïtienne.

La corruption, déjà importante, devient plus visible sous sa présidence. Le scandale PetroCaribe en est emblématique : des hommes d'affaires et hommes politiques proches du pouvoir détournent à leur profit une grande partie de l'aide économique vénézuélienne (4,2 milliards de dollars) destinée à l’amélioration des services publics63.

À la fin de son mandat, aucun successeur n'est élu et un gouvernement provisoire lui succède.

Mandat de Jovenel Moïse (2016-)[modifier | modifier le code]

En Jovenel Moïse remporte l'élection présidentielle avec 54 % des voix.

Dès le mois de mai 2017, des milliers d’ouvriers employés par les industries textiles des zones franches prennent régulièrement la rue pour demander une hausse du salaire minimum, alors fixé à 300 gourdes (4 euros) par jour, mais leurs revendications restent ignorées. Les mobilisations sont renforcées en septembre par d'autres secteurs de la population en protestation contre le vote du budget de l’État. Celui-ci prévoit une hausse supplémentaire de taxes affectant l’ensemble de la population. En revanche, les tarifs douaniers qui s’appliquent au riz, par exemple (passés de 35 % à 3 % en 1994), n’évoluent pas, condamnant Haïti à la dépendance : 80 % du riz consommé sur place est importé, dans un marché contrôlé par une poignée d’importateurs richissismes. La libéralisation de l'économique est accentuée afin d'attirer les investissements étrangers, alors que l’environnement, la santé et l’éducation restent délaissés63.

En , une hausse, inspirée par le Fonds monétaire international (FMI), allant jusqu’à 50 % des prix des carburants à la pompe et des scandales de corruption impliquant plusieurs ministres et le président lui-même provoquent d'importantes manifestations contre le gouvernement64.

La majorité des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres. Marc-Arthur Fils-Aimé, directeur général de l’Institut culturel Karl-Lévêque, déclare : « Les revendications se sont radicalisées à un point tel qu’elles ont pris l’allure d’une lutte de classe. Les luttes conjoncturelles se sont superposées à des luttes structurelles. Il est presque impossible de bien cerner le contour des actuelles perturbations si on les sépare de la charpente socio-économique et culturelle du pays où les élites exportatrices ont prospéré au point de réduire l’île à l’état de néo-colonie65. Du 15 septembre à début octobre 2019, au moins 17 personnes sont tuées et près de 200 blessées par balles et armes blanches, d'après le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autorités actuelles, depuis leur avènement au pouvoir, bafouent les acquis démocratiques du peuple haïtien et violent systématiquement ses droits. Elles n’ont jamais pris au sérieux les différents mouvements de protestation réalisés dans le pays depuis juillet 2018 par une population en proie à tous les maux et qui réclame la jouissance de ses droits civils, économiques, politiques et sociaux »65.

Épidémies et catastrophes naturelles[modifier | modifier le code]

Entre  et , quatre cyclones (« Hanna », « Ike », « Fay » et « Gustave ») frappent le pays64. Bien que la contribution d’Haïti au changement climatique soit négligeable (les émissions de CO2 par habitant représentent, en 2010, 1 % de celles des États-Unis), le pays est l'un des plus exposés aux conséquences42.

Séisme de 2010[modifier | modifier le code]

Le palais national détruit lors du séisme en 2010.

Le , un tremblement de terre de magnitude 7,0 sur l’échelle de Richter frappe l’Ouest d’Haïti et notamment sa capitale, Port-au-Prince. Le foyer (ou l'hypocentre) du séisme a été localisé à 10 km de profondeur. Ce violent tremblement de terre est survenu à 16 h 53 (16 h 53 min 10,4 s), heure locale. Il est suivi de plus d’une centaine de répliques. Il s'agit du séisme le plus important et le plus meurtrier de l’histoire d’Haïti, allant jusqu'à désorganiser totalement le fonctionnement de l’État, à l’image de l’effondrement de plusieurs bâtiments publics comme le palais présidentiel qui entraîna la mort de plusieurs cadres du gouvernement. Le président Préval et son Premier ministre Jean-Max Bellerive y échappent de peu. De plus, des milliers de détenus alors incarcérés à la prison de Port-au-Prince se sont échappés, à la suite de l’effondrement de celle-ci, fragilisant encore plus une situation sécuritaire déjà précaire.

Secours israéliens de recherches de rescapés après le tremblement de terre de 2010, Port-au-Prince.

La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fut également dévastée par l’écroulement de son quartier général à Port-au-Prince : plus de 150 Casques bleus dont le chef de mission Hédi Annabi et son adjoint sont morts. Le bilan de ce cataclysme sismique s’élève, au , à plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 sans-abris. Mais le général Ken Keen, qui dirige la force spéciale américaine en Haïti, a évoqué celui de 150 000 à 200 000 morts comme « hypothèse de travail ». Barack Obama parle « de la plus grande catastrophe humanitaire qu’aient eu à gérer les États-Unis d'Amérique ». Les États-Unis y ont dépêché sur place 16 000 militaires, l’Union européenne 1 50066.

Étant donné qu’il sera impossible de déblayer tous les gravats à courte échéance, les autorités haïtiennes envisagent de reconstruire plusieurs quartiers de Port-au-Prince aux alentours de la capitale haïtienne.

Le , à six heures (heure locale), une réplique de magnitude 6,1 sur l’échelle de Richter, ressentie à soixante kilomètres à l’ouest de la capitale en ruine, frappe à nouveau le pays.

Le , un effort « mondial » (mobilisant notamment le Canada, les États-Unis et la France) est consenti afin de recueillir plus d’un milliard de dollars dans un fonds d’aide.

Le , le coût de reconstruction de la capitale haïtienne et de ses environs est estimé entre huit et quatorze milliards de dollars. En , l'ONU indique que Haïti n'a reçu que 20 % de l'aide économique internationale promise64.

Près de 10 ans après le séisme, les conséquences de cette catastrophe se font encore sentir et la diplomatie allemande a versé 1,5 million d'euros à la branche mondiale de l'Ordre de Malte afin de soutenir des initiatives et permettre aux familles de générer un revenu. 67

Épidémie de choléra[modifier | modifier le code]

Carte de l'épidémie de choléra de 2010.

En , dans des circonstances peu claires, une épidémie de choléra a éclaté. Elle a démarré le long d'un affluent du fleuve Artibonite68, la rivière Meye, et a rapidement atteint toutes les zones en aval le long de l'Artibonite ; un rapport amène à penser que la souche microbienne aurait été importée lors de l'arrivée de soldats népalais de l'ONU69.

En , le ministère haïtien de la Santé et de la Population dénombrait plus de 6 500 morts dues à cette épidémie de choléra. Alors que l'épidémie n'avait pas encore été arrêtée, à la mi-, ce même ministère décomptait plus de 540 000 cas de contagions parmi lesquels 7 000 décès70.

Ouragan Matthew[modifier | modifier le code]

Satellite de l'ouragan Matthew sur Haïti et la mer des Caraïbes, 2016.

Après avoir balayé les Caraïbes, fait quatre morts en République dominicaine et poussé à l'évacuation plusieurs milliers d'habitants, le dangereux cyclone Matthew s'abattait sur la presqu'île du Sud faisant de nombreux morts et causant d'importants dégâts matériels dans la nuit du 3 au .

Matthew a frappé Haïti mardi à h 0 avec des vents atteignant 230 km/h, détruisant des dizaines de maisons et menaçant notamment quatre millions d’enfants dans un pays totalement démuni déjà fragilisé par le séisme dévastateur de 2010.

Selon un bilan partiel des autorités, 372 morts, des villages et des plantations furent inondés et l'on déplore la perte du bétail emporté par les eaux en furie71.

Politique[modifier | modifier le code]

Haïti est une république démocratique indivisible, souveraine, indépendante, coopératiste, libre et sociale. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens âgés de dix-huit ans et plus.

Organisation de l'État[modifier | modifier le code]

Pouvoir exécutif[modifier | modifier le code]

Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République, le Premier ministre et son cabinet, le pouvoir exécutif ayant pour rôle de faire exécuter et respecter les lois.

L'ancien président d'Haïti Michel Martelly (à gauche) en 2012.

Le président est le chef de l'armée et veille à la bonne marche des institutions de l'État. L'actuel président est Jovenel Moïse.

Le chef du gouvernement est le Premier ministre, qui conduit la politique de la nation selon la vision du président, nomme et révoque les fonctionnaires de l’État. L'actuel Premier ministre est Joseph Jouthe. Le président ne peut être mis à pied que par une mise en accusation de la Chambre des députés et le Sénat qui l'érige en haute cour de justice. Le Premier ministre ne peut pas être révoqué par le président de la République, mais peut être interpellé par l'une des deux chambres et renvoyé après un vote de censure.

Pouvoir législatif[modifier | modifier le code]

Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée nationale72 constituée par deux chambres : le Sénat et la Chambre des députés qui sont indépendants.

Le parlement vote le budget de la République et déclare la guerre, le Sénat approuve la nomination du chef de la police, du commandant en chef de l'armée, les ambassadeurs et suggère au président une liste des personnages qui doivent faire partie de la cour de cassation et en une seule chambre, ils désignent trois noms pour les représenter au conseil électoral, trois noms au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la cour constitutionnelle. L'actuel président du Sénat, qui est aussi de facto le président de l'Assemblée nationale est Carl Murat Cantave.

Pouvoir judiciaire[modifier | modifier le code]

Le pouvoir judiciaire est exercé par une Cour de cassation, les Cours d'appel, les tribunaux de première instance, les tribunaux de paix et les tribunaux spéciaux. La plus haute instance juridique du pays est la Cour de cassation et suivant la publication de la nouvelle constitution amendée sous le président René Préval, Haïti se voit dotée d'une Cour constitutionnelle chargée d'assurer la constitutionnalité des lois. Elle est garante de la constitutionnalité de la loi, des règlements et des actes administratifs du Pouvoir exécutif. Ses décisions ne sont susceptibles d'aucun recours. Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire est aussi créé pour renforcer la neutralité de la justice et joue son rôle administratif au sein du pouvoir judiciaire73.

Subdivisions territoriales[modifier | modifier le code]

Carte des départements.

Haïti est divisée en 10 départements, 42 arrondissements, 146 communes et 565 sections communales.

Chacune de ces divisions dispose d'un numéro d'identification délivré par l'Ihsi.

  • Le département est la plus grande division territoriale. Le code département va de 01 à 10. Chaque département est administré par un Conseil de trois membres élus pour quatre ans par l'Assemblée départementale. L'exécutif nomme un délégué départemental, chargé d'administrer les différents ministères déconcentrés et qui travaille de concert avec l'assemblée départementale.
  • L'arrondissement est le deuxième niveau administratif.
  • La commune a l'autonomie administrative et financière. Chaque commune de la République est administrée par un conseil de trois membres élus au suffrage universel dénommé conseil municipal. Le code commune va de 0111 à 1032.
  • La section communale est la plus petite entité administrative et dérive des communes. Elle dispose d'un « Conseil d'administration de la section communale » (CASEC) et d'une « Assemblée de la section communale » (ASEC). Le code section communale va de 0111-01 à 1032-02.

La capitale d'Haïti est Port-au-Prince, c'est la plus grande ville du pays. La métropole du Nord ou encore Cap-Haïtien est la seconde ville du pays. De par son rang d'ancienne capitale notamment sous la colonie française, de son architecture puis aussi de par son rôle dans les combats pour l'indépendance, elle demeure comme un emblème de l'histoire haïtienne.

Il existe aussi ce qui est couramment appelé le « onzième département », représentant les quelque deux millions d’Haïtiens vivant à l’extérieur du pays : la diaspora haïtienne.

Relations avec la France[modifier | modifier le code]

Soldat français venant en aide à Port-au-Prince, .

Haïti, surnommée « la perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, était la plus prospère des colonies françaises74. Après son indépendance en 1804, aucun chef d'État français ne la visite officiellement jusqu'en 2010, lorsque Nicolas Sarkozy s'y rend, suivi en 2015 de François Hollande75. Haïti entretient notamment des relations avec la France à travers l'Organisation internationale de la francophonie (voir section Haïti et la francophonie).

Économie[modifier | modifier le code]

Chômage en Haïti 1991-2003.

Le déséquilibre entre les riches et les pauvres est marquant. Les personnes fortunées d’Haïti ne représentent que 20 % de la population, mais possèdent à elles seules 63 % de la richesse du pays, ce qui ne laisse que 9 % des richesses aux plus démunis76.

La réduction du chômage reste un défi à relever pour les autorités haïtiennes77. De plus, Haïti souffre d’une inflation élevée et d’un manque d’investissement à cause de l’insécurité, des infrastructures limitées et d'un manque de confiance. Le gouvernement dépend en grande partie de l’aide internationale pour construire son budget annuel.

Chaque année, pour la saison de la récolte de la canne à sucre, environ vingt-cinq mille Haïtiens rejoignent la République dominicaine. Pour beaucoup, ils se retrouvent à la merci des grands propriétaires dominicains ; leurs papiers leur sont confisqués à leur arrivée et ils sont entassés dans des baraquements parfois entourés de barbelés, sans eau potable ni électricité. Ils doivent travailler de l’aube à la tombée de la nuit pour un salaire très faible et les punitions peuvent aller jusqu'aux mutilations. Leur situation est dénoncée comme une forme d'esclavage contemporain par des journalistes78. La récolte terminée, la grande majorité de ces travailleurs, endettés et en situation illégale, ne peuvent quitter le pays. Leurs enfants, dont le nombre était estimé à 250 000 en 2008, ne sont pas reconnus par les autorités et sont apatrides, le plus souvent sans accès à l’école ni aux soins médicaux et pour la plupart forcés de travailler dans les plantations dès qu’ils atteignent l’âge de tenir une machette79.

Civils haïtiens se ruant vers les lots de nourriture fournis par l'US Navy au travers de Project Handclasp et Kids Against Hunger, 2008.

Les transferts d’argent venant de la diaspora haïtienne demeurent néanmoins une importante source de devises pour le pays, puisqu’ils représentent 30 % du produit intérieur brut et deux fois la valeur des exportations. Pour les transferts d'argent vers l'extérieur, un prélèvement de 1,5 dollar américain est fait selon un arrêté présidentiel pour appuyer le programme de scolarité gratuite créé par le président de la République Michel Martelly. En 2017, ces transferts provenaient principalement des États-Unis , du Canada, de la France ainsi que du Chili dont les transferts représentaient selon la Banque centrale chilienne 92 millions de dollars américains, soit 12,65 % des transferts en provenance de cet État sud-américain80.

Dans son rapport de , la Mission des Nations unies pour l'appui à la Justice en Haïti constate que « les conditions de vie de la population haïtienne se détériorent de plus en plus ». Pour l’ensemble du pays, 5,5 % et 27 % des personnes se trouvent respectivement dans des situations d’urgence et de crise alimentaire ; 2,26 millions de personnes sont classées comme étant en situation d’insécurité alimentaire « et ont besoin d’une aide humanitaire à cet égard »64.

Secteurs économiques[modifier | modifier le code]

Ressources naturelles[modifier | modifier le code]

Les principales ressources naturelles d’Haïti sont la bauxite, le cuivre, le carbonate de calcium, la pierre à chaux, l’or, la marne et l'hydroélectricité. Seule la bauxite a été exploitée commercialement à une échelle significative81.

« Café Lakay », une marque de café haïtien.

Agriculture[modifier | modifier le code]

Cependant, c’est l’agriculture qui emploie l'essentiel de la main-d'œuvre avec plus des deux tiers de la population en âge de travailler. Les exploitations agricoles sont, avant tout, des fermes de subsistance, de dimensions restreintes. Le café, le cacao, le sisal, le coton, les mangues comptent parmi les produits destinés à l'exportation. L’explosion démographique et le manque de compétitivité par rapport aux produits importés ont affaibli considérablement ce secteur, dont la production se trouve de plus en plus destinée au marché intérieur avec des produits tels le maïs, le riz, les fruits.

Industrie[modifier | modifier le code]

La capitale, Port-au-Prince, concentre la majorité des activités industrielles du pays : les principales productions y sont les composants électroniques, le textile et les balles de baseball.

Tourisme[modifier | modifier le code]

Surnommée autrefois la « perle des Antilles », Haïti bénéficie d'un climat tropical, d'une température moyenne de 30 degrés Celsius[réf. nécessaire] et 364 jours de soleil par an[réf. nécessaire]. Le tourisme en Haïti est à la fois culturel, avec des forts, dont la citadelle La Ferrière et le palais de Sans-Souci et des villes comme Labadie ainsi que naturel, avec les plages d'eau turquoise de Jacmel.

Après l'embargo contre Cuba décidé par le président américain John Fitzgerald Kennedy en 1962 (et levé partiellement en 2000 seulement), Haïti devient un lieu de villégiatures pour riches touristes américains82.

 Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.

Relations commerciales[modifier | modifier le code]

Les principaux partenaires commerciaux de la république d'Haïti sont les États-Unis, la République dominicaine, le Canada, la France et l’Allemagne.

Aides au développement[modifier | modifier le code]

L'Unicef contribue au développement d'Haïti.

En , le Congrès américain a voté la loi HOPE II (HOPE pour Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement : « opportunité hémisphérique par l’encouragement aux partenariats », sachant que « hope » signifie « espoir » en anglais), pour permettre aux produits manufacturiers, particulièrement le textile d’avoir accès sans tarif douanier au marché américain.

Les programmes sociaux établis par le gouvernement sont limités, en dépit d’une nette augmentation en 2009. Certaines agences offrent des pensions de retraite et des allocations pour les accidents du travail. L'accès aux emprunts est faible, 2 % du crédit du système bancaire finance le secteur agricole et le développement rural.

Plus de 62 tonnes (137 000 pounds) d'aide humanitaire (nourriture, médicaments, fournitures scolaires) transportées par air (US Air Force) par l'ONG Opération Ukraine, suivant le Denton Amendment pour Haïti, 2012.

Haïti reçoit également des aides multiformes venant de l’intérieur de son propre pays. Plusieurs associations, institutions et fondations participent à la reconstruction du pays et à son développement. Parmi ces organismes, la Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti (FONDTAH), qui élabore le développement d'un tourisme alternatif adapté aux conditions du pays. La FONDTAH participe avec la Société d’exploitation du Parc naturel Quisqueya (SODEPA) de Fonds-Parisien, l'Association des artistes et artisans de la Croix-des-Bouquets (ADDAC), l'Association pour le développement de Bas-Boën (ADEBABO), le ministère de l’agriculture et celui de l'environnement, au développement du village de réfugiés du cataclysme dans la section communale de Fonds-Parisien située sur la commune de Ganthier dans le département de l'Ouest d'Haïti83.

D’autres organismes et associations contribuent au développement du pays et à l’aide multiforme, notamment depuis le tremblement de terre de 2010. Parmi ces organismes, il y a des institutions haïtiennes parmi lesquelles l'Institut de technologie et d'animation, le Collectif du Financement Populaire (KOFIP), le Conseil national de financement populaire ; ainsi que des associations françaises telles que Handicap InternationalAide et Action, sans oublier les actions de l'Unicef , celle du Programme alimentaire mondial et de the 410 Bridge84, une ONG américaine dont le quartier général est basé à AtlantaWorld Vision International (ou Vision du monde) est un organisme international luttant contre la pauvreté un peu partout en Haïti depuis 195985.

Distribution d'aide à Port-au-Prince par l'US Army.

La Banque mondiale (BM), avec l’assistance du gouvernement haïtien, a identifié trois domaines qui demandent le plus de soutien à la suite du tremblement de terre de 2010. Le premier consiste à augmenter les possibilités économiques à l’extérieur de la capitale, c’est-à-dire de développer les énergies renouvelables. Ensuite, le pays doit renforcer l’accès aux services humanitaires avec l’amélioration des écoles et du service de la santé et, finalement, il doit améliorer les protections en cas de catastrophes naturelles, en renforçant les infrastructures, les ponts et les routes86.

Le Venezuela apporte une aide économique de près de 4 milliards de dollars dans le cadre de l'accord Petrocaribe pour financer des projets sociaux. Une part importante de cette aide a été détournée, en particulier sous l'administration de Michel Martelly64.

Dette[modifier | modifier le code]

Le , le roi de France Charles X concède « l’indépendance pleine et entière » à l’ex-colonie d’esclaves française moyennant une somme de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée en 1838 à 90 millions de francs). Cette somme sera obtenue après avoir contracté une dette qui ne sera remboursée en totalité qu’en 197287.

Dans les années 1880, les finances publiques sont dans un extrême désordre vu l'instabilité politique persistante. Le revenu est évalué à 21,5 millions de francs et les dépenses au double de cette somme. La dette publique s'élève alors à 12 millions de piastres fortes (1 piastre valant 5 francs) dont 308 000 piastres pour le solde de la dette française (1 540 000 francs)88.

Le , le président Jean-Bertrand Aristide a réclamé officiellement à la France près de 21,7 milliards de dollars en « restitution et réparation » de la dette.

Parallèlement une dette extérieure totale de 1,2 milliard de dollars « s’est construite sur la dette de l’indépendance », notamment sous « la dictature des Duvalier entre 1957 et 1986, [qui] a ravagé et fortement endetté le pays », indique encore le Comité pour l'abolition des dettes illégitimes (CADTM)89. Cette association estime que le régime des Duvalier est responsable à lui seul de 550 millions de dollars de la dette extérieure du pays.

Le , le CADTM a réclamé l’annulation de la dette qualifiée d’« illégitime et odieuse » de Haïti, à la veille du bicentenaire de l’indépendance de la République caraïbe.

Sans nier une dette de la France à l’égard de leur pays, l’opposition et les intellectuels de la diaspora refusent de s’associer à une demande émanant d’un régime aussi corrompu et peu démocratique que celui du président Aristide90.

En 2009, à la suite de l’Initiative pays pauvres très endettés, 1,2 milliard de dollars de dette ont été annulés par la Banque mondiale et le FMI91. Début 2010, la dette extérieure est évaluée par Oxfam International à 890 millions de dollars soit 734 millions d’euros92.

Situation économique des ménages[modifier | modifier le code]

Accès aux services sociaux de base
Bus intercité, 2005.

En 2007, le pays présentait un déficit important en services sociaux de base : éducation, eau, santé, assainissement.

La part du budget de l’État consacrée à la santé est passée de 16,6 % en 2004 à 4,3 % en 201893.

Le pays ne compte qu'un lit d’hôpital pour 1 502 habitants, un médecin pour 3 353 habitants, et 124 lits de réanimation sur tout son territoire. Les institutions sanitaires – pour la plupart privées – manquent de tout : d’équipements, de matériel de protection, de médicaments, d’accès à l’eau et à l’électricité, etc94.

Communication

Elle est peu développée mais en 2008, 428 personnes sur 1 000 disposent d'un téléphone mobile, tandis que 300 personnes ont accès à internet et le nombre de postes de télévision est d'environ une soixantaine dans la capitale et les autres villes95. Néanmoins, grâce à l'arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques et fournisseurs d'accès à internet à l'instar de la Natcom96, entreprise haitiano-vietnamienne, en 2011 et l'extension du réseau de la Digicel, beaucoup de progrès sont réalisés dans ce secteur. La jeunesse est très connectée.

Éducation[modifier | modifier le code]

Le taux d'alphabétisation est évalué à 62 %97.

Aide de base à l'éducation par pays donateurs via l'UNESCO vers Haïti, 2015.

Le système éducatif haïtien reste confronté à d’énormes défis malgré le bond significatif du niveau de fréquentation scolaire (77 % en 2012, EMMUS V, contre 50 % en 2005, selon EMMUS 4), le Programme scolaire universel gratuit et obligatoire (PSUGO), la forte demande d’éducation et le soutien de la communauté internationale.

L’accès demeure encore limité sans compter que la qualité et la gouvernance constituent un défi majeur. Entre autres facteurs ayant conduit à cette situation, on peut citer les contraintes budgétaires se traduisant par un investissement public très limité dans le secteur (autour de 10 % du budget en moyenne), la pauvreté massive de plus de 70 % de la population, une législation inadéquate, des normes et pratiques sociales défavorables, des crises récurrentes telles que les désastres naturels (notamment le séisme du ), de même que les capacités organisationnelles et de gestion très limitées du Ministère de l’Éducation nationale.

Programme de l'ONG humanitaire ESALCU pour la création d'un foyer pour 100 petits orphelins d'Haiti.

Selon le dernier recensement scolaire (2011) seul 20 % de l’offre éducative vient du secteur public, le reste étant entre les mains du secteur non-public, la plupart du temps géré sans réglementation et opérant en dessous des normes minimales de qualité. Malgré son importance avérée, l’accès à des activités ciblant les jeunes enfants (0–5 ans) demeure très limité (67 % de taux brut de scolarisation au préscolaire 3–5 ans, MENFP 2011). La faiblesse de la qualité se traduit notamment par des taux moyens de redoublement de 15 % et des taux d’abandon autour de 13 %. Combiné aux entrées tardives, ces facteurs augmentent la proportion des sur-âgés à l’école fondamentale (65 %). On note que le taux de survie en 5e année du primaire est faible (25 %). Cette situation préoccupante s’explique en grande partie par la proportion élevée d’enseignants non qualifiés (plus de 65 %), les conditions d’apprentissage défavorables, et la non-application des normes et standards pouvant garantir un enseignement de qualité. Parmi les enfants les plus affectés par l’accès limité ainsi que l’absence de qualité, on peut citer ceux du milieu rural, ceux des familles pauvres des bidonvilles des grands centres urbains, les enfants séparés de leur famille (centres résidentiels, enfants en domesticité, enfants des rues), les enfants handicapés et les enfants déplacés.

Pour l’UNICEF, les principaux défis à relever sont :

  • garantir l’accès équitable à une éducation de qualité aux enfants les plus vulnérables ;
  • l’amélioration de la qualité des services éducatifs ;
  • l’égalité des chances entre filles et garçons ;
  • le renforcement du secteur de la Petite enfance ;
  • le renforcement des structures de gouvernance et de régulation du système éducatif.
Domaines d'interventions de l’UNICEF
Jeune haïtienne déplacée et prise en charge par l'US Navy et l'UNICEF, Port-au-Prince, ).
  • Support de L’UNICEF au Gouvernement haïtien et au Ministère de l’Éducation nationale pour garantir le droit à l’éducation universelle gratuite ;
  • appui au ministère de l’Éducation à un niveau national et local pour l’exécution du plan opérationnel 2010-2015, spécialement en ce qui concerne les politiques publiques, la mise en place d’un système national de gestion de l’information et la micro-planification jusqu’au niveau des districts scolaires ;
  • amélioration de la qualité de l’éducation à travers le développement des programmes accélérés d’apprentissage pour les enfants « sur-âgés » et promouvoir la réussite scolaire à travers le renforcement des compétences en lecture ;
  • développement du cadre politique de la petite enfance avec la mise en place d’une stratégie nationale de prise en charge du jeune enfant de 0 à 6 ans, la promotion des standards pour des services de qualité et d’un nouveau curriculum du préscolaire ;
  • développer les capacités du gouvernement en matière de gestion des risques et des désastres.

Droits LGBT[modifier | modifier le code]

Culture[modifier | modifier le code]

Festivals
Carnaval d'Haïti, 2009.
Musées
Littérature
Art
Acrylique de Levoy Exil, 1996.
Habit traditionnel
  • La robe quadrillée, commune à plusieurs pays des Antilles, est appelée « robe Carabela ou Karabela» en Haiti, c’est une robe de coton aussi appelée «jupe bandana».
  • La jupe se porte avec un chemisier à manches ou à volants, et un accessoire de tête fait dans le même tissu.
Danse du pays
  • Le kompa ;
  • le Gaye Pay ;
  • le folklore haïtien.
Musique
  • Les styles de musique les plus populaires sont le kompa et le zouk ;
  • le style musical africain, très en vogue, gagne progressivement du terrain ;
  • le rap haïtien
  • le rabòday

Mets traditionnels[modifier | modifier le code]

Artisanat
Meubles artisanaux à Camp-Perrin.

L'artisanat haïtien est riche et varié. Citons :

  • objets pailletés ;
  • terre cuite ;
  • papier mâché artisanal ;
Architecture
Emblème

Symbole

Fêtes et jours fériés[modifier | modifier le code]

Fêtes et jours fériés
DateNom françaisNom local
1er janvierJour de l'indépendanceJour de l'an
2 janvierJour des Aïeux
12 janvierCommémoration du tremblement de terre de 2010 qui a dévasté Port-au-Prince, Léogâne, Jacmel ; une partie des départements de l'Ouest et du Sud-Est d'Haïti (Jacmel) (jour férié)
7 février (tous les cinq ans)Investiture du Président élu
7 avrilMémoire de Toussaint Louverture, précurseur de l'indépendance
1er maiJour de l'Agriculture et du Travail
18 maiFête du Drapeau et de l'Université
27 juinNotre-Dame du Perpétuel Secours, patronne d'Haïti
15 aoûtNotre-Dame de l'Assomption
17 octobreMémoire de Jean-Jacques Dessalines, père de la Nation
1er novembreTous les Saints
2 novembreCommémoration des Fidèles défuntsFête des morts
18 novembreBataille de Vertières, dernière bataille de la guerre de l'indépendance
25 décembreNativité de Jésus-ChristLa Noël

Codes[modifier | modifier le code]

Haïti a pour codes :

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